Chapitre 5 - Le champ de Danoa

Gaïa.

 Depuis des temps immémoriaux, l'incapacité des espèces à vivre ensemble a provoqué des luttes sanguinaires et dévastatrices. Seule, Zaria la plus puissante des sorcières est arrivée à y mettre un terme. Dés lors, elle est devenue l'égale d'un dieu et fut chargée par tous de maintenir la paix. Pour y parvenir, elle a mis en place Kalby'a … un système de castes qui interdit aux espèces de vivre ensemble dorénavant. Mais les sentiments interdits qu'Elhena, sa descendante porte à Hayden, le fils du roi lycan peuvent faire tout s'effondrer à nouveau. Entre complots, guerre, amour, jalousie et vengeance, venez découvrir Origin, le 1er tome de Red Dawn...

 Cliquez sur la couverture pour accéder aux chapitres.

 

Chapitre5

Le champ de Danoa

• Tu ne devrais pas être là.

Hayden lui disait invariablement la même chose quand il la voyait grimper l'arbre millénaire caché derrière ses semblables. Invariablement pourtant elle le rejoignait et s'asseyait à ses côtés.

La forêt de chênes bleues bordaient le champ de Danoa. Le jeune prince lycan y venait tous les jours pour voir les membres de la Duceta s'entraîner et rêver qu'un jour il les rejoindrait. C'était son souhait le plus cher. Appartenir à cette élite était le but de sa jeune vie. Être un guerrier au service de l'Hadéna, l'Ebona et sa caste. Être un guerrier honorable comme son père. Hayden aimait cet endroit où tous ses rêves avaient droit de cité.

Ici, tous ses rêves étaient permis. Ils pouvaient être l'ami d'une presque déesse et dépasser les castes. Il pouvait respirer l'odeur d'Hélénaqui apaisait et renforçait son loup.

Héléna lui tira la langue et le rejoignit tout en haut d'une large branche.

• Tu ne le penses pas.

Bien sûr qu'il ne le pensait pas.

Hayden remonta ses épaules comme s'il sen moquait mais tous deux n'étaient pas dupes. Hayden ferma brièvement les yeux, il savait que leur amitié touchait à sa fin.

Beaucoup avait toléré leurs jeux d'enfants mais ils avaient grandis. Surtout lui. Il ne la voyait plus vraiment de la même façon. Cet été, il était parti dans le deuxième Oroboros où se trouvait leur maison de campagne. Là-bas, il y avait rencontré une lycane plus âgée qu'il l'avait trouvé à son goût.

Ce n'était pas la première fois qu'il couchait avec une femelle mais cette fois là, il n'avait pu s'empêcher de penser à Héléna de façon déraisonnable. Il n'arrivait plus à la voir uniquement comme son amie. Il n'arrivait plus à s'empêcher de la désirer, de regarder différemment son corps.

Son corps était celui d'une adulte. Il était tellement tenté à certains moments qu'il lui semblait qu'il pourrait devenir fou. Il ne voulait pas la désirer. Il le jurerait devant l'ultime elle-même. Pourtant son loup n'arrivait plus à l'écouter. Il la voulait même si lui savait que seule cette amitié cachée était possible.

Elle se rapprocha de lui et colla son corps contre le sien. Il entendit sa mâchoire craquée. Dans ces moment-là, il n'avait qu'une envie c'était de la jeter en bas de l'arbre et la fuir comme la pire des maladies.

Elle l'embrassa sur la joue.

Il recula comme si elle lui avait donné un coup de poing. Elle écarquilla les yeux devant sa réaction.

• Tu ne peux pas faire ça, lui dit-il durement.
• Tu m'as manqué. Je ne t'ai pas vu depuis la cérémonie.
• Nous nous entraînons dur Elias et moi avec Jacob.

D'ailleurs Hayden l'entendit bien avant de le voir les rejoindre. Héléna l'accueillit en l'embrassant également sur la joue ce qui l'énerva. Pourtant elle avait toujours ainsi avec eux. Ils étaient amis tous les trois.

• Toi aussi tu m'as manqué Elias. Tu m'en veux encore de t'avoir forcé à venir ?

• Tu n'aurais pas du m'y contraindre Héléna, lui reprocha-t-il gentiment, une sourire dans les yeux.

Elle faisait ce qu'elle voulait d'eux.

• Je n'y avais pas ma place, continua Elias. Mon père n'aurait même pas été digne de servir tous les invités présents. Qu'est-ce que j'aurais pu y faire moi, rétorqua amèrement le jeune lycan tout en s'installant auprès de ses amis ?

Helena appuya sa tête sur son épaule. Elias était comme un frère pour eux. Non : c'était son frère. Peut-être que le même sang ne coulait pas dans ses veines mais peu importe. Le sang ne prouvait pas tout. Il en avait la preuve avec son frère biologique Jessamy qu'il détestait profondément.

Lakin, le père d'Elias avait été un Affranchi. Avant de trahir l'Ebona ; il avait confié son enfant à son ami Torken. Seul la protection du roi avait permis à Elias de ne pas succomber après que le crime eut été connu. Lakin espérait ainsi que son fils ne subirait pas les conséquences de ses choix .

Torken et Lakin étaient devenus frères quand ils avaient intégré tous deux la Duceta. La disgrâce n'en avait été que plus grave.

Elias avait échappé à la mort grâce à Torken mais pas à la honte.

Hayden savait que son ami ne vivait que pour laver l'honneur de son nom. Pour cela, son rêve était d'intégrer la fameuse confrérie de la Duceta, tout comme lui.

La trahison remontait à très longtemps, pourtant Elias croulait encore sous le poids des actes de son père. Ils avaient façonné le lycan qu'il était.

Il est vrai que beaucoup pensait qu'un mauvais sang coulait dans ses veines. Cela peinait Hayden mais les affranchis étaient une honte pour tous. Cependant, Elias n'était pas un Affranchi. Loin de là. C'était un brave. Il était honnête et loyal au delà de tout. Il faisait passer l'honneur avant tout autre chose.

• Tu ne dois pas parler ainsi de toi ou de ton père. Ton père était un grand homme, intervint Héléna .

Cette partie de la plaine était réservée uniquement aux membres de la Duceta. Si bien que lorsque les frères n'y étaient pas, ils étaient assurés d'être seuls. Ce lieu devenait le monde des trois amis. Il en étaient ainsi depuis si longtemps. Ici les deux lycans pouvaient être l'ami de la sorcière sans craindre de choquer.

• Ma mère m'a dit que c'était un lycan estimé et un grand ami de Torken, insista Héléna.
• C'était avant, répondit-il amer. Mais tu as raison:c'est cette amitié qui m'a permis de ne pas finir exécuté et d'être protégé. En me montrant au sacre de ton père, j'ai rappelé à tous que son ami était un traître. Ma présence ne pouvait que vous nuire.
• Tu te trompes Elias, la coupa Héléna, tu es quelqu'un de grande valeur et je suis fière d'être ton amie. J'étais fière d'être vue à ton côté. Tu ne revêtait pas l'habit de ton père mais le tien.

Touché par son éternel sincérité, il l'entoura de ses énormes bras et déposé un baiser fraternel au dessus de sa tête.

• Tu es bonne Héléna. Tu ne vois pas ce que je vois, ce que les autres voient. Je porte la félonie de mon père et la honte qu'il a fait peser sur mes épaules. Je le hais, dit-il. C'était un lâche pour les lycans mais il a été aussi un lâche qui a abandonné son fil à la mort.
• Ne dis pas cela lui demanda Hayden. La vie qui aurait été la sienne n'aurait pas été supportable pour un enfant .
• Crois-tu que rester était plus supportable. Tous les jours je croise des regards méprisant ou alors plein de pitié. Tout ça par sa faute !
• Arrête de te torturer mon ami, dit Héléna en lui prenant la main ?

Hayden tiqua à la vue de ce nouveau geste d'affection. Bien sûr, ils étaient serrés. Il savait qu'il s'agissait d'une étreinte amicale voir même fraternelle mais il ne pouvait raisonner son loup. Sa bête ne supportait pas que l'attention de son amie ne soit pas exclusivement tournée vers lui. Il se secoua. Il ne supportait pas qu'un autre mâle la touch, l'étreigne. Il secoua sa tête. Il devenait fou. Elias le regarda ne comprenant visiblement pas son attitude. Par l'ultime il ne la comprenait pas lui-même. Il se força à leur sourire comme si de rien n'était.

• Elle a raison Elias. Tu es notre ami. Pour toujours.

En disant cela, il leva sa main, invitant son ami à signer un pacte secret d'amitié.

Elias regarda la main de son ami avec une émotion non feinte. Hayden se dit que la Destinée était souvent cruelle car comment expliquer les tourments d'un lycan d'une si grande valeur. Elias serra avec vigueur la main de son frère.

Son frère.

Hayden sentit le regard implorant d'Héléna qui assistait à la scène. Il fut irrité et en même temps fataliste. La jeune fille voulait toujours tout partagé avec lui, avec eux. Il n'aimait pas se sentir obligé de partager l'amitié d'Elias avec elle. Cependant c'était sa jalousie qui lui dictait ce sentiment. Il n'aimait pas savoir l'Hadéna aussi proche d'Elias tout en maudissant de le ressentir. Si un jour elle regardait Elias avec le même regard qu'elle lui accordait, il ne pourrait le supporter. Il détestait la savoir si dépendante de lui mais il détesterait encore plus que ce ne soit pas le cas. Oui, la Destinée était souvent cruelle.

• C'est un pacte de lycan, dit-il durement, regrettant aussitôt son temps. Tu ne peux toujours te joindre à nous. Tu es une sorcière.
• Mais vous êtes mes amis dit-elle la voix tremblante, devant ses paroles cruelles, comprenant qu'il l'excluait.

Quand ses yeux commencèrent à se voiler, il avait l'impression qu'elle pouvait aussi bien se servir du sabre nacrée et lui lacérer le cœur. L'effet serait le même. Pourtant, il ne voulait pas paraître faible devant eux. Foutue fierté. Foutue Destinée !

Elias re prit Helena dans ses bras. Hayden eut envie de grogner et de leur intimer l'ordre de ne pas se toucher.

Par l'ultime ! Il devenait fou !

• Tu es aussi mon amie répondit Elias sans se rendre compte du calvaire que vivait son ami.

En disant, il baisa affectueusement le bout du nez sur la tempe d'Héléna comme font les lycans entre eux.

• Aussi improblable que cela se puisse, lui dit-il d'un ton taquin.

Hayden arracha un bout de la branche sans s'en rendre compte. Se sentant dans la peau d'un idiot. Il préféra quitter l'arbre et descendit rapidement. Son geste était puéril mais il sentait sa bête devenir agressive. Ses deux amis le dévisagèrent et il fut heureux d'apercevoir Héléna se lever pour le suivre tandis qu'Elias haussa les épaules préférant rester là. Il sourit en se disant qu'il était un idiot. Il se plaignait qu'elle le suive partout mais il était aussi en même temps soulagé qu'elle le fit. Il ne voulut pas lui montrer sa satisfaction mais son choix apaisa sa bête.

• Hayden attends-moi, lui demanda-t-elle en courant.

Hayden s'arrêta, bien content de respirer son odeur apaisante. Il arbora cependant un air blasé.

• Tu dois arrêter de toujours me suivre.
  L'hypocrite.

La jeune fille s'arrêta à son niveau, visiblement vexé par sa remarque.

• Je croyais que nous étions amis.
• Tu ne peux pas toujours t'incruster entre Elias et moi. Quand tu es avec nous, on ne peut pas toujours faire ce qu'on veut.

Le sale hypocrite !

Un court instant, il s'arrêta tétaniser. Il lui avait semblé ressentir physiquement la peine que ses mots avaient causé. Impossible.

• Tu es injuste!, lui cria t-telle
• Je dis la vérité!, déstabilisé par ce qu'il ressentait.
• Je vais te faire ravaler tes méchantes paroles!

Héléna se jeta sur lui et ils roulèrent comme deux jeunes chiots. C 'étaient leur façon à eux de mettre fin à une querelle. Elle chercher à l'immobiliser pour le chatouiller. Hayden, quant à lui, arrache de l'herbe pour la lui faire avaler de force. Bien entendu qu'il était largement plus fort qu'elle. Quand elle était heureuse et qu'il l'entendait rire, il ne pouvait qu'être gagné par cet effet communicatif et euphorisant qui s'emparait de lui. Ils chahutèrent ainsi encore quelques minutes trop heureux de retrouver l'insouciance de leur jeux.

Cependant il les stoppa net quand il sentit une odeur.

Il sentait une présence.

Le danger.

Personne ne devait les voir ensemble.

En levant la tête, il vit en d'un chêne bleue une jeune sorcière. Il la reconnu rapidement. La fille du Primera. Il se souvenait déjà qu'elle le fixait ainsi lors du sacre de son père. Elle les observait en silence.

Il savait qu'elle s'appelait Lilith. Elle devait avoir leur âge. Son regard qui ne cillait pas, le mettait mal à l'aise. Qu'avait-elle vu ? En parlerait-elle à Jasio. Pourquoi ne le ferait-elle pas. Elle était sa plus jeune fille.

Pourquoi ne disait-elle rien et les fixait-elle ainsi ?

On aurait dit une panthère noire qui regardait fixement sa proie. Aucune émotion ne marquait son visage.

Juste après la cérémonie, le Primera avait fui en laissant sa femme et sa fille.

Héléna qui n'avait rien vu, continuait à le chatouiller et Hayden lui maintint les mains. Elle le regarda pour essayer de comprendre pourquoi il avait cessé de jouer et remarqua également la jeune fille. Après un instant, elle se leva furieuse et vint vers Lilith.

• Descends !lui ordonna-t-elle.

La jeune sorcière ne sembla pas l'entendre et regarda toujours aussi fixement Hayden. Au bout de quelques secondes, elle lui sourit. Timidement.

• Tu nous espionnais ?Demanda d'un air bravache Héléna.
• Pourquoi tu lui parles comme ça, intervint Hayden.

Hayden n'avait pas envie que Lilith aille tout raconter à sa famille. Si c'était le cas, Cara ne pourrait que leur demander de ne plus se voir. Malgré ce qu'il se répétait, il n'était pas encore prêt. Il n'eut même pas me temps d'en parler à son amie qu'il l'a vit tirer la langue à la fille du Primera

Celle-ci ne réagit toujours pas mais elle le fixait toujours. Son sourire mourut, remplacée par un regard de haine à Héléna. Hayden se plaça instinctivement devant elle. Lilith descendit de l'arbre et s'approcha du lycan.

• Sa mère la cherche, dit-elle simplement.

Quel mépris pour la fille de l'Hadéna ! Hayden n'eut pas le temps de réagir qu'Héléna intervint.

• Je suis là! Intevient sèchement Héléna qui passa devant le lycan.
• C'est ce que je vois, dit elle d'un ton fielleux.

Sur ces paroles étranges, elle les quitta d'un air hautain. Hayden sentit un picotement sur sa peau. Sa bête sentait le danger.

Si Lilith parlait ça serait la catastrophe.

• Elle ne connaît personne ici. Tu dois te montrer plus aimable, intervient Hayden. Si elle révèle nous avoir vu ensemble, tu sais bien ce qui se passera. Il faut t'en faire une amie.

Héléna fit la grimace lui montrant clairement ce qu'elle pensait de son idée.

• Ecoute vous avez le même âge, vous êtes de la même caste. C'est la fille du Primera: tu devrais être plus aimable avec elle qu'avec moi.
• Jamais!

Qu'est-ce qui lui prenait ? Elle ne comprenait pas le danger?Il n'y avait qu'elle pour rester insouciante.

• Arrête, ne le prends pas comme ça.
• Alors arrête toi de me dire ce que je dois faire. Tu m'énerves à vouloir tout régenter: tu veux qu'Elias soit uniquement ton ami. Tu veux faire de moi l'amie de Lilith alors que je ne l'aime pas. Et tu rejettes mon amitié quand ça t'arrange. As-tu déjà essayé à ce que je voulais moi ? Moi. Juste pour notre bien à tous les deux.

Héléna le ragarda avec colère. Aucun des deux ne dit un mot. Mais ils ne pouvaient rester ainsi. Héléna craqua la première et se mit à rire tandis qu'elle se jetait de nouveau sur lui et essayait de lui faire manger de l'herbe comme s'ils ne venaient pas d'être découverts.

Hayden para et la renversa sur le dos. En s'écrasant sur elle, il sentit sa poitrine ferme qui se levait et s'abaissait avec régularité. Il sentit un lien qui l'étourdit. Il recula comme s'il s'était brûlé. Elle rit pensant qu'il se moquait encore d'elle.

Il mit la main sur sa poitrine. Son cœur lui avait semblé battre à l'unisson avec celui d'Helena. Il chancela.

Héléna en profita pour se jucher sur un chêne bleu. Que lui arrivait-il ?

Il la regard monté mais il hésitait à la rejoindre, il ne comprenait pas ce qui était en train de lui arriver. Il ne pouvait pas la désirer comme ça. Avec cette force.

C'était impossible !

Il était un dépravé qui souillait le respect de tous les siens. Il s'apprêtait à rentrer quand il entendit des pas.

Il pensa que Lilith revenait vers eux.

Il grimpa rapidement au côté de son amie en évitant soigneusement de la toucher.

• Quelqu'un arrive de nouveau , lance un sort de bhrume, demanda-t'il à voix basse.

Héléna lança le sort qui les rendit imperceptibles à tous les sens.

Peu de temps après, Hayden sentit l'odeur de la compagne de son frère, Carsis. Celle-ci regardait apeuré tout autour d'elle. Elle s'adossa à l'arbre face à eux.

Hayden s'apprêtait à descendre et à la rejoindre quand il l'entendit pleurer. Elle souffrait. Son loup. Son instinct de protection ne supportait pas de voir Carsis dans cet état. Qu'avait encore fait son frère ? Le couple qu'ils formaient ne rendait pas sa fiancée heureuse. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer.

Il s'apprêtait à la rejoindre quand il sentit la présence de son mentor, Jacob.

Si celui-ci le surprenait maintenant c'en était fini de ses entraînements avec l'arkan. Il n'accepterait jamais la situation avec Helena. Il avait honte de sa lâcheté mais il devait aussi protéger son amie. Il s'adossa à la branche et intima le silence à la sorcière.

• Tu n'aurais pas du me poser cet ultimatum, souffla Carsis quand Jacob la rejoignit. Tu sais que je ne peux pas partir comme je l'entends.

Le lycan prit la futur femme de son frère dans ses bras. Celle-ci essaya de se soustraire à son étreinte mais leur force était par trop disproportionnée. Quand elle arrêta de se débattre, il fit glisser sa main le long de son habit. Carsis recommença à se débattre.

Helena regarda Hayden mais celui-ci mit un doigt devant sa bouche.

• Je ne te laisserai pas tant que tu ne m'auras pas montré.

Carsi cessa de se débattre de mauvais grès. Elle détourna le regard quand elle entendit l'Arkan grogner à la vue de la blessure qu'il découvrait.

Hayden vit quatre lacérations qui ne pouvaient n'avoir été fait que par un lycan.

• Je le tuerai entendit-il Jacob cracher.

Carsis éclata en sanglot et recula. Jacob ne la laissa pas faire et la rattrapa. Il la serra fort tandis que la lycane semblait ne pouvoir contenir ses larmes.

La scène laissait peu de doutes quant aux liens qui unissaient les deux jeunes gens. Hayden n'avait jamais vu Jacob ainsi. Il semblait vénérer la personne qu'il tenait dans ses bras.

Pour la première fois, il n'apparaissait comme le fier guerrier de la Duceta mais comme un lycan épris de sa femelle.

Pourtant cette femme n'était pas la sienne.

Carsis était la fille de Miclaus et Jartha. Son père était un puissant lycan et grand ami de Torken. Ils avaient uni leurs enfants dès le plus jeune âge comme souvent dans leur caste. La fortune du marchand avait beaucoup bénéficié de cette future union. Miclaus avait été propulsé dans la cour des grands.

Jacob se mit à trembler lorsqu'il toucha la blessure de Carsis. Celle-ci s'agita à nouveau.

• Tout doux Carsis, je ne peux pas te laisser souffrir sans rien faire.

Hayden recula tandis qu'il voyait Jacob supporter une partie de la blessure de son âme sœur. Car seuls deux âmes sœurs pouvaient prétendre soulager les souffrances par un simple contact.

Jacob et Carsis étaient des âmes sœurs.

Jamais ils n'auraient cru cela possible. Il n'y avait rien de plus fort pour leur caste. Rien ne prévalait cela. L'union de deux lycans étaient la chose la plus sacrée même la promesse d'une union avec le fils du roi.

Pourquoi les fiançailles n'avaient pas été annulé ?

Il comprenait mieux la haine de son frère et de l'arkan. L'un possédait ce qui revenait à l'autre.

• Je lui ai dit que je voulais rompre notre engagement...car j'avais trouvé mon âme sœur mais il menace de ruiner mon père Jacob. Il le peut et il le fera.
• Ton père n'acceptera pas d'être un moyen de chantage.
• Il était là, dit-elle en sanglotant de plus belle. Mon père était là et il m'a conjuré de ne pas rompre ma promesse et de m'unir à Jessamy. Il s'est mis à genoux et il m' imploré de ne pas gâcher la vie des membres de toute ma famille.

Elle regarda pour la première fois le lycan dans les yeux et posa sa main sur celle de l'arkan.

• Je ne peux payer ce prix Jacob. Je...Je vais honorer cette promesse.
• Jamais ! Tu m'entends jamais !

Jacob la lâcha brusquement et recula comme s'il ne se maîtrisait plus. Il marcha vers elle, hésita puis recula. Il se passa fiévreusement la main dans le cheveux.

Hayden regarda Héléna. Ils devaient s'en aller mais comment faire maintenant. Hayden enrageait devant ce qu'il découvrait. Son frère était bien un salaud. Il avait frappé sa future compagne. Il se sentait honteux de partager le même sang que ce couard qui aurait fui devant Jacob mais qui avait blessé si cruellement Carsis.

Héléna lui prit la main et il sentit sa peine. Elle souffrait pour lui. Il le sentait. Le lien.

Il revenait. Il le sentait. Il sentait lui étreindre la cœur.

Il avait toujours compris tous les sentiments qui l'agitaient mais pour la première fois il les sentait. Il eut peur de cette connexion.

Il regarda le couple lycan qui se toisait. La cruelle vérité commençait à lui être révélé.

Cruelle Destinée.

Seuls les âmes sœurs pouvaient avoir un aussi grand degrés de connexion. Jacob avec Carsis. Lui avec Helena.

Impossible !

Il n'y avait jamais accordé d'importance auparavant aux signes. Après tout, il était un lycan et Héléna était une sorcière, c'était impossible. Jamais l'âme sœur d'un lycan n'aurait pu être une sorcière.

C'était impossible.

Il se rassura mais garda une sentiment de malaise tandis qu'il lâcha sa main mais il eut le temps de voir combien ce geste la peinait.

Jacob semblait réagir comme un lion dans sa cage. Il recula encore comme s'il essayait de ne pas se mettre à distance de Carsis. Hayden savait que les mâles de son espèce réagissait très mal quand il sentait leur âme sœur en danger. Il pouvait devenir violent, incontrôlable. Seul un puissant instinct de protection les guidaient. Jacob était métamorphosé, jamais il ne l'avait vu ainsi. On avait l' impression qu'il était prêt à tuer quelqu'un. Sa bête avait pris le contrôle.

Quand il bondit sur Carsis, Hayden se leva instinctivement sentant l'agressivité de l'arkan.

Celui-ci bloqua la lycane avec ses griffes qui se retrouva acculée à l'arbre derrière elle.

• Jamais ! hurla-t'il comme un animal blessé.

La plupart des mâles perdaient la raison lorsqu'il perdait leur âme sœur. Leur équilibre ne pouvait survivre à cette perte. Leur bête devenait incontrôlable.

De fait, la violence qui agitait l'arkan était palpable même à trois mètres du sol. Hayden épaissir l'air. Une fragrance capiteuse qui devenait de plus en plus forte. La fragrance agissait sur lui. Il sentit un besoin de s'unir lui nouer les entrailles. Il avait chaud, sa peau le brûlait. Héléna semblait aussi sensible aux effluves. Il vit un goutte de sueur perler au coin de ses lèvres. Elle se mordit la lèvre inférieur.

Ce geste lui donna un crampe au ventre. Il détourna rapidement le regard mais pas assez pour ne pas comprendre l'excitation que ce geste avait causé. Il s'éloigna d'elle autant qu'il le pouvait.

Il était en train de devenir fou.

Jacob embrassait voracement Carsis et celle-ci avait l'air d'y répondre avec le même besoin. L'arkan semblait incapable de freiner sa passion.

Il enleva avec frénésie ses habits devant le regard lubrique de sa compagne. Il recula et il entendit Carsis feuler de protestation.

• Tu es à moi ! rugit-il.

Il l'a poussa au sol. La femelle ne s'y opposa nullement et se mit à quatre pattes.

Il vit la lycane excitée par les propos crus de l'arkan se déshabiller avec lenteur . Jacob devant elle fit de même devant son regard lubrique. Quand il fut nu, il la contourna et se plaça derrière elle. Carsis écarta les cuisses dans une invitation muette tandis que l'arkan remonta son epaula jusqu'à dévoiler entièrement ses fesses.

Cette position n'était possible avec les lycanes que si elles reconnaissaient la dominance de leur mâle. La chose était assez rare. Carsis le fit sans aucune contrainte ce qui montra bien mieux que des mots les sentiments du couple qui faisait l'amour devant eux.

Les femelles de son espèce aimait le sexe mais détestait se soumettre en le faisant . Lui-même n'avait jamais couché avec une femelle de cette manière. Pourtant, il comprenait que pour Jacob c'était la seule manière de le faire avec elle.

Hayden ne regarda pas Héléna. Il savait que c'était par lâcheté parce qu'il ne savait pas comment supporter ce qui allait suivre sans cela.

Jacob se pencha sur la croupe offerte et la pénétra entièrement d'une seule poussée. Il entendit le hurlement de plaisir de Carsis.

Hayden ferma les yeux mais il continua à sentir l'excitation d'Helena.

Il allait devenir fou.

In e se contrôlait plus. Il aurait préféré être partout sauf ici à ce moment là.

Il n'était cependant pas un lâche et il regarda la sorcière.

Son regard le chavira littéralement.

Il comprit que leurs jeux d'enfants venaient de mourir.